Chers tous,

Suite à notre petit épisode tourista, nous sommes partis jeudi pour Cabanaconde à la découverte du merveilleux Canyon del Colca. Les six heures de bus sont passées très vite avec les magnifiques paysages de la région : des roches, des déserts, des alpagas, des vigognes, des lamas, des volcans, puis les milliers de terrasses sculptant le 2e canyon le plus profond du monde avec ses petits villages, que de beauté ! Cabanaconde est le village le plus éloigné de l'entrée du canyon, un village tranquille, qui s'ouvre au tourisme (ne s'y aventurent que ceux qui ne passent pas par des agences), les chiens s'y baladent, le tempo est beaucoup plus lent qu'en ville, on discute sur la place, on ramène les moutons, la vie est dure semble-t-il. Les hommes arborent des chapeaux de cow-boy, les femmes en portent de beaucoup plus travaillés, blancs, le bord arrière relevé, et égayés par des broderies de toutes les couleurs. Les gens répondent à nos Buenas noches, le village est à la fête, ce jeudi soir il y a un mariage, on voit passer les musiciens. On rejoint notre auberge puis on file dîner sur la place du village, une pizza dont on garde quelques parts pour le déjeuner/pique-nique du lendemain. On s'endort au rythme de la musique du mariage dans notre lit bien confortable, après avoir observé les étoiles et les poulains dormant en face de notre balcon.

Petit déjeuner pour prendre des forces, on passe acheter de l'eau et des petits pains dans la boutique locale puis on se met en route pour la descente. Il fait très beau, on croise des moutons, une arène vide (la corrida fait partie des fêtes de village), un mirador qui nous laisse entrevoir la profondeur de la descente. Un paysan local nous indique un chemin pas extraordinaire pour démarrer, on rejoint rapidement l'officiel, bien plus agréable. La vue est splendide, tout est très sec mais pas aride (on est en hiver), les neiges éternelles brillent au sommet des volcans. Arnaud repère tous les condors qui profitent des courants chauds. On croise des familles françaises avec les courageuses ados marcheuses, on pique-nique à l'ombre après avoir passé le pont. De nombreux "Bonjour" pendant le pique-nique, nous ne sommes pas le seul couple franchouillard à marcher ici (ce qui se confirmera dès notre arrivée). Encore une montée, on traverse un village qui cultive les cactus, une maison-cabane est ouverte, on achète à la petite mamie contente de bavarder une bouteille d'eau. On aperçoit au bout du village notre point d'arrivée sur le flan qui nous fait face : le Llahuar lodge ! On arrive à 14h, on découvre notre cabane pour la nuit (une belle araignée digne de celles de Mello dans le couvre-lit), on vire donc tous les draps, on dormira au propre dans notre sac à viande et dans les sacs de couchage ! Détente dans les bains à 39 degrés, on rencontre et papote avec Aude et Paul qui terminent bientôt leur voyage de 3 semaines au Pérou et Sophie et son chéri grec en Amérique du Sud depuis 7 mois, soirée très sympa ! On dîne au lodge puis dodo très tôt (on est crevés !) après avoir observé les étoiles et la voie lactée (pas de lumière en vue, c'est magnifique !).

Petit-déjeuner avec Aude et Paul qui font le même trajet que nous, on se régale des pancakes de la mamie de l'auberge, on fait nos sacs puis départ. Montée écourtée grâce au 4x4 de travailleurs locaux, on rejoint la famille de Français et on papote voyage... On les laisse dans un petit village pauvre, et on continue notre descente jusqu'à San Juan. Le paysage change : des petits canaux serpentent au milieu d'une végétation beaucoup plus dense, des fleurs, des cactus, des avocats, des arbres, des cascades, il est temps de pique-niquer. On s'arrête à l'ombre d'un arbre et un drôle de chien pataud s'approche de nous. Très obéissant à notre "non", il s'assoit calmement en nous tournant le dos pour rassurer Arnaud qui ne fait pas le fier puis se couche tranquillement, la tête posée sur sa patte. On déjeune rapidement selon les désirs d'Arnaud puis on continue la descente (et là c'est moi qui ne fais pas la fière, j'ai super mal aux jambes ;-) ). Tout d'un coup Arnaud sursaute, Patapouf (vous l'avez deviné, c'est notre ami chien) vient de le frôler en remuant la queue, il ne nous quittera plus jusqu'à l'auberge de l'arrivée, nous servant de guide sans oublier de marquer son territoire tous les 50 mètres, en trottant devant nous et en nous attendant dès qu'on traîne un peu trop. C'est donc le coeur gros que nous le laissons sur la route pour rejoindre Aude et Paul qui ont eu la gentillesse de nous réserver une chambre (beaucoup plus rudimentaire qu'au lodge) dans une auberge pour la nuit. On écrit notre journal en regardant les poules, le très beau coq, les cochons tout en profitant du bêlement du mouton (Arnaud l'imite très bien). Parties de Uno avec Aude et Paul pour patienter avant le dîner, une soupe, du riz accompagné de légumes variés, une camomille et au lit !

Dernier petit-déjeuner au coeur du canyon avec des pancakes encore meilleurs que ceux de la veille (banane et dulce de leche), puis petite descente bucolique jusqu'au pont avant d'entamer la remontée finale... Eprouvante, vertigineuse, interminable, elle n'aura duré pourtant que 4h... On termine par la route jusqu'au village (alpagas et terrain de foot) où on retrouve notre couple de jeunes sportifs autour de pizzas. On achète le billet retour, de quoi goûter dans le bus et c'est parti pour les 6h retour avec un groupe de belges insupportables (Arnaud a eu du mal à me retenir) en touristes rois-du-monde ne respectant ni les règles ni les gens du pays dans lequel ils voyagent... Le trajet retour est trop long (il fait nuit, on est fatigué). On prend le taxi pour le centre d'Arequipa avec Aude et Paul, derniers au revoir, on file chercher notre sac dans notre ancien hôtel avant de rejoindre le nouveau pour une bonne nuit (on aura peiné à trouver un resto d'ouvert un dimanche soir à 22h, ce qui est bien normal, mais c'est le ventre plein -hamburger frites- qu'on s'endormira heureux dans un vrai lit !).