Réveillés à 2h du matin : impossible de nous rendormir, on est surexcités, comme un matin de Noël (n'est-ce pas, Ludivine ? ;-) ) !

On reste au lit, histoire de se reposer un peu jusqu'à 3h45. Habits de rando, lampes frontales, pique-nique, anti-moustique (même si a priori pas très utile avec l'altitude...), et en route ! Il fait nuit, il n'y a que les chiens et quelques touristes reconnaissables à leur lampe frontale, qui se dirigent vers le bord de la rivière. Comme il est étrange d'entendre sans voir... Les craquements, les bruissements, les cris des oiseaux, tout prend un autre visage, et ça a quelque chose de magique... On arrive au bout de 20 minutes devant le pont, premier point de contrôle des billets qui n'ouvre qu'à 5h. Une longue file indienne de lampes, un Christ fleuri éclairé par un néon dans une cabane en tôle, les chiens endormis, et puis les conversations basses des impatients. Devant nous, quatre jeunes chiliens fumeurs de shit nous gâchent olfactivement l'attente, mais une fois le pont enjambé, on les dépasse rapidement. Cinquante minutes de montée, longue chenille de lampes frontales, ça ne parle pas, ça souffle, ça peine, mais quelle impatience ! Au trois-quart, la lumière blanche du matin nous permet d'éteindre les lampes et de profiter de la végétation. On est dans les nuages, l'humidité et la nature ne sont plus oppressantes comme hier soir, c'est un petit matin d'un jour tant attendu, et on est là tous ensemble, à peiner, pour mériter (au moins un peu !) le Machu Picchu. Arnaud passe devant dès que les lampes s'éteignent et je poursuis la montée à mon rythme. En arrivant en haut du chemin, je retrouve mon amoureux un peu énervé par les premiers bus de touristes qui ont déjà débarqué (eux sont en doudoune évidemment, ils n'ont pas eu chaud !), mais ce n'est pas encore la cohue. On montre nos billets et on commence la petite montée censée nous conduire aux ruines. On ne voit rien, qu'un immense brouillard, on râle parce qu'il n'y a pas d'indications (hum, il faut dire que "de jour", on ne peut pas les rater ces ruines ;-) ), et on bifurque sur le sentier de gauche menant à la Porte du soleil (au moins une indication !). C'est magique, on est tout seul sur notre sentier, à vaguement deviner des terrasses sur la droite, à avancer dans le brouillard. On croise un premier lieu sacré avec une immense pierre dressée, puis un second (peut-être un lieu d'astronomie ? ), mais on ne voit toujours pas à plus de 3m... Lorsqu'on croise des marcheurs en sens inverse qui nous expliquent que la porte du soleil est encore au moins à 20 min et qu'on ne profitera d'aucune vue avec la purée de pois, on décide de faire demi-tour.

On part donc à la recherche des ruines du Machu Picchu (qui se trouvaient sous notre nez mais parfaitement invisibles)... On commence à deviner vaguement quelques formes : on passe par la maison du gardien du rocher funéraire, le fameux rocher sacrificiel, puis une route qui mène vers des terrasses, qui nous oblige à rebrousser chemin et à descendre au milieu de terrasses jusqu'à la porte qui doit être celle de la ville ! On commence à se repérer sur le plan du guide et à comprendre l'échelle des distances. Ce miraculeux brouillard nous donne l'illusion d'être parfaitement seuls sur le site, on s'amuse à fouiller chaque recoin, chaque maison, on avance petit à petit dans le secteur sacré... Sur la place principale avec le temple aux trois fenêtres, le temple principal et l'intihuatana (pierre des astronomes dont on vous a parlé sur les photos), on se retrouve avec d'autres touristes, mais il est tellement facile de leur échapper !

On profite de chaque moment, de chaque image, analysant, imaginant, comme deux enfants jouant aux explorateurs... Quartier résidentiel, industriel, le temple du condor, les minutes passant, la brume semble se lever, et en arrivant au bout de notre premier tour du Machu Picchu, on commence à deviner l'ensemble. Première sortie du site (on n'a droit qu'à deux entrées), on pique-nique : il n'est que dix heures du matin, mais ça fait 8h qu'on est réveillés et on a fait du sport ! Sandwich au thon, les chiens sont intéressés, comme toujours, on se dépêche parce qu'en théorie on a le droit de ne rester que jusqu'à midi et on souhaite profiter de la brume qui se lève pour admirer le site dans son ensemble. Deuxième tour formidable, on est comme chez nous et on s'amuse de tous nos doutes géographiques du début tant les ruines se trouvaient juste sous notre nez ! Beaucoup plus de touristes, mais le fait de s'être déjà approprié le site change tout : on reconnait, on détaille les endroits qu'on avait manqués (le temple du soleil, les fontaines...), on profite de la vue incroyable sur les montagnes qu'on ne pouvait même pas imaginer une heure avant. C'est l'émerveillement.

On s'amuse avec les lamas avant de redescendre par notre chemin (la descente est bien entendu beaucoup plus rapide !) et d'aller voir le musée Manuel Chavez Ballon (grand archéologue péruvien), juste correct, et de nous balader dans le petit jardin botanique. Retour à Aguas Calientes, il nous reste 5h avant le départ de notre train (oui, on a quand même pris le moins cher, donc les horaires ne sont pas forcément très pratiques...). On passe chercher nos affaires dans l'auberge, puis début de l'attente : bière pour Arnaud et limonade pour moi avec internet et le carnet, on écrit, on s'occupe, puis promenade dans la partie hors touriste de la ville : match de foot, vendeurs de rue et enfants qui jouent aux billes, puis dernier dîner qu'on fait traîner. Salle d'attente de la gare, train tout pourri du retour mais c'est pas grave parce qu'on dort tous ! On file dans notre nouvelle auberge d'Ollantaytambo pour une bonne nuit de 11h !